mardi 26 novembre 2013

4 décembre 2013 : Soirée Rodanski à la Librairie Le Monte-en-l'Air (Paris)



Mercredi 4 décembre à 18h30, à l’occasion de la double parution de Substance 13 aux éditions des Cendres et de Je suis parfois cet homme aux éditions Gallimard, rencontre avec François-René Simon, qui a établi et préfacé les deux éditions. Le comédien Jean-Luc Debattice lira des extraits de ces ouvrages. La suite ici.
 

Librairie Galerie Le Monte-en-l’air
71, rue de Ménilmontant / 2, rue de la Mare
75020 Paris
Tél. : 01 40 33 04 54
Contact : lemontenlair@free.fr
Métro Ménilmontant
Bus 96

vendredi 8 novembre 2013

Rodanski fait coup double : "Je suis parfois cet homme" et "Substance 13" en librairie

« Il continue sa route. »

Cette phrase banale est la dernière qu’on entend de la bouche même de Stanislas Rodanski (1927-1981) dans Horizon perdu, le film bouleversant tourné avec lui par Bernard Cadoux et Jean-Paul Lebesson dans l’enceinte de l’hôpital Saint-Jean-de-Dieu où il était interné. Elle résume le sort de ses publications, qui ne cessent de s’amplifier.


Depuis La victoire à l’ombre des ailes (1975), son premier livre, les textes narratifs, autobiographiques et autres journaux de Rodanski ont pris le dessus, par leur poésie même, sur son œuvre poétique stricto sensu. Je suis parfois cet homme, que publie aujourd’hui Gallimard, rassemble quelques-uns des très nombreux poèmes que Rodanski a écrits de son adolescence jusqu’à son internement définitif, à mi-parcours d’une existence assez brève (54 ans). Abondance d’images parfois réitérées, tonalité d’outre-tombe et d’outre-vie ou lyrisme brûlant comme de la glace, Rodanski y exprime la conscience inquiète de sa multiplicité et la hantise de sa dislocation. Que ces poèmes, après ceux de Des proies aux chimères (Plasma, 1983) et La Montgolfière du Déluge (Deleatur, 1991) paraissent aujourd’hui dans la prestigieuse collection blanche est plus qu’une forme tardive de reconnaissance : une incitation à poursuivre la mise à la lumière de cette œuvre ténébreuse jusque dans l’humour.


Après Requiem for me en 2009, les éditions des Cendres font paraître aujourd’hui Substance 13, chronologiquement première tentative romanesque de Rodanski. Ecrit à la manière d’un scénario lors de son premier long internement à l’hôpital de Villejuif au cours de l’été 50, ce récit halluciné met en scène les personnages de sa fantasmagorie : lui-même pour commencer, sous les traits évolutifs de son avatar, Jacques Vaché en personne ! On y croise également quelques figures du monde réel ou surréel, André Breton et Claude Tarnaud par exemple, plus ou moins “fictionnifiés”. Une atmosphère brumeuse baigne cette intrigue aux péripéties aussi chaotiques, aux contours aussi flous que ceux d’un rêve. Dans ce film verbal, l’écran cesse d’être une frontière et le lecteur finit par fusionner avec ce qu’il lit.




Je suis parfois cet homme, 1 vol. broché, 176 p., éditions Gallimard, 17 €  Commander sur le site de l'éditeur 

Substance 13, 1 vol. broché, 192 p., éditions des Cendres, 24 € Commander sur le site de l'éditeur

dimanche 3 novembre 2013

Très bientôt en librairie...

© BLJD
 ...
Je n’ai plus d’ombre
Je l’ai vendue à la nuit qui prend toute chose
en échange de son secret
La nuit qui n’est rien
Obscurité
Absence de lumière
Néant
Il n’y a plus de corps plus de contours plus de choses plus de froid plus de chaleur
Mais les choses de l’esprit sont partout
Elles sont en moi et je les touche
Je suis la nuit je suis les choses
Chacune devenue infinie
Toutes occupant l'espace
...




© BLJD

 ... 
– Stan, mon cher, je sais que vous êtes Vaché. 
– En doutiez-vous ? 
– Comment le savoir, moi qui suis d’une eau dont se fondent les miroirs ? 
– Voyez-vous bien ? Je parle rarement au passé. Désormais, c’est vous qui saurez d’un doigt passer au bas du plaisir. Vous le ferez parler. 
– (Elle semble réciter.) Poupée de moi-même au cœur dépris, ma voix est à la source et ce qui me rend inaccessible est le foyer d’une flamme morte. 
Ce disant, A*** revient à elle et retourne à son spectre qui la confond à l’Inconnue. Pendant cette scène, la coupe qui est en cristal de Venise tinte seule et fait entendre le chant du Poison. 
A*** se reprend à réciter :  
– Baiser de Médicis où tu vibres, objet autrefois perdu dans la fontaine de mes regrets…
 
Elle s’arrête, prise de court. La neige s’accumule lentement dans la coupe, on sent les sphinx imminents. Elle ajoute encore : « Héroïne du néant », essaye de ne pas sourire et feint de garder une merveille pour elle seule. On n’entend que les moteurs d’entraînement du film. Un sphinx vole dans la pièce. 
...